Critique d’album : “Bring in the Wild” par Catherine Elms
- CHARLES

- 8 août
- 2 min de lecture

Sur “Bring in the Wild”, Catherine Elms ne se contente pas de chanter elle évoque. Ce nouvel album est moins un disque qu’une invitation à pénétrer dans un labyrinthe : un monde fait d’ombres, d’archétypes et de vérités que l’on préfère souvent éviter. À travers douze titres sombres et intenses, Elms explore la sauvagerie intérieure, retraçant les paysages émotionnels que l’on nous apprend généralement à enfouir. Qu’elle murmure dans la vulnérabilité ou qu’elle hurle avec défi, chaque instant devient une confrontation avec soi-même, avec la mémoire, avec les bêtes mythiques qui dorment sous notre peau. Dès la première note, l’univers sonore qu’Elms construit est à la fois somptueux et implacable. Ses compositions montent et retombent comme des marées de sentiments, tissées de lignes de piano gothiques, de guitares puissantes et de touches électroniques inquiétantes.
Des morceaux comme « Medusa » vibrent d’une tension primitive, transformant la figure de la méchante en douleur incomprise, tandis que « Brutal Heart » palpite d’un chagrin cathartique, brouillant la frontière entre colère et délivrance. La voix d’Elms riche, dramatique et traversée de conviction est la flamme centrale de ce rituel émotionnel, nous guidant à travers chaque détour et chaque effroi. Ce qui distingue “Bring in the Wild”, c’est son refus de lisser l’inconfort. Au lieu d’adoucir les angles vifs du désir, de la honte ou de la fureur, Elms les amplifie pour en faire des moments de transformation sublime. Chaque morceau est une descente délibérée : non pas vers le désespoir, mais vers la reconquête.
Le fil conducteur de l’album est celui d’un réensauvagement, non pas au sens bucolique, mais psychique reprendre possession des parties de nous-mêmes jugées trop intenses, trop bruyantes, trop indisciplinées. Ici, l’ombre ne se contente pas d’être reconnue : elle est écoutée. Les influences d’Elms sont claires, mais jamais copiées. On y retrouve l’élan narratif de Kate Bush, l’intensité gothique de Nick Cave, la sincérité émotionnelle de Fiona Apple le tout filtré à travers le regard singulier d’Elms, nourri par sa plongée dans la psychologie jungienne et son honnêteté artistique farouche.
Ses choix de production sont soignés sans être maniérés, chaque texture servant la vérité émotionnelle du morceau. Le résultat : un album à la fois rituel, cinématographique et profondément humain. Dans un paysage musical souvent frileux face à l’émotion brute, Catherine Elms offre quelque chose de rare : un album qui ne se contente pas d’explorer la vulnérabilité il en fait une arme. “Bring in the Wild” n’est pas simplement une collection de chansons, c’est un manifeste pour la reconquête de l’âme. C’est une œuvre percutante et intime qui ose illuminer l’obscur avec tendresse et feu. Elms ne se contente pas de faire de la musique elle crée des mythes.
écrivain: Charles










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