Critique d’album : “God of the Dead” par Rosetta West
- CHARLES

- 7 août
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 août

“God of the Dead” de Rosetta West n’est pas simplement un album c’est un exorcisme enveloppé de réverbération. Dès les premières notes déchaînées, on comprend que ce disque est né d’un rêve fiévreux et baptisé dans la distorsion. Le groupe, dirigé par Joseph Demagore, ne se soucie guère des conventions ou de la finition. Il manie le chaos avec précision, mêlant grooves punk-funk brûlants, murmures folk hantés et riffs blues grondants dans une tapisserie sonore qui évoque la fouille d’un grenier poussiéreux rempli de reliques sacrées et d’amplis brisés. Chaque morceau change de forme comme un rituel en mouvement, ancré seulement par la voix grave et imposante de Demagore et un sens implacable de l’atmosphère.
Cet album ne cherche pas à vous prendre par la main il veut vous désorienter, vous électriser, et peut-être même vous effrayer un peu. “Boneyard Blues”, avec Caden Cratch à la batterie, rugit comme un moteur rouillé dans un orage. Il fonce avec une témérité brutale, tout en crissements et en menace, tandis que “Midnight”, avec Louis Constant, soulève le rideau pour révéler le cœur battant de Rosetta West une élégie au piano, tendre et douloureuse, mais toujours chargée de ce danger latent qui imprègne le reste du disque. Aucun morceau ne s’installe confortablement à côté d’un autre, et c’est précisément là tout l’intérêt : “God of the Dead” est un périple, pas un produit.
Sur le plan lyrique, Demagore oscille entre prophétie et poésie. Sa fascination pour le mysticisme imprègne même les instants les plus terre-à-terre, transformant les paroles en incantations et les récits en labyrinthes. Sur des titres comme “Tao Teh King”, le groupe navigue entre spiritualité et sarcasme, équilibrant gospel poussiéreux et insolence urbaine. Même les instrumentaux parlent en énigmes certains remplis de larsens corrosifs, d’autres doux et poignants. C’est un album qui refuse de rester dans une seule peau, et le résultat est une expérience d’écoute profondément immersive, presque cinématographique.
Malgré des années passées hors des radars grand public, Rosetta West sonne comme un groupe totalement détaché du temps. Leurs chansons résonnent dans des paysages à la fois mythiques et usés cimetières, motels, temples, routes désertes. Avec “God of the Dead”, ils ont canalisé des décennies d’esprit underground dans une œuvre hallucinatoire. Ce n’est ni propre, ni facile mais c’est inoubliable. Pour ceux qui osent s’aventurer dans l’ombre, ce disque ne se contente pas de parler il hurle.
écrivain: Charles










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