Critique d’album : “Moments in My Notebook” par Fiona Ross
- CHARLES
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture

Fiona Ross a toujours tracé sa propre voie artistique, et avec “Moments in My Notebook”, elle atteint un nouveau sommet dans son parcours musical. Sorti le 30 mai 2025, cet album de 21 titres est bien plus qu’un jalon dans sa carrière : c’est une exploration vibrante et profondément émotive de l’amour, du deuil, de la curiosité et de la résilience artistique. Marquant sa 100e chanson originale, Ross nous offre un autoportrait intime façonné par des années d’expérience, d’observation et de créativité sans relâche. Connue pour sa fusion unique entre le jazz contemporain, les rythmes latins, les ambiances vintage des clubs et une narration actuelle, Ross compose ici une collection éclectique et très personnelle. Chaque chanson naît d’une page de ses carnets – certaines ont commencé par une ligne de basse, d’autres par une phrase entendue dans un café ou un mot griffonné à la volée. Le résultat est une mosaïque d’instants fugaces mais inoubliables, livrés avec une sincérité et un style qui lui sont propres. L’album s’ouvre sur “Let Your Soul Shine”, un hymne radieux à la résilience et à l’estime de soi, inspiré par une simple pancarte vue sur un étal de marché. Le message d’espoir et de lumière intérieure rayonne à travers une mélodie chaleureuse portée par le piano et une rythmique groove tout en subtilité. Une ouverture qui réchauffe l’âme et donne le ton. Parmi les nombreux moments forts, “Pirates in Paris” se distingue comme une échappée romantique et jazzy dans l’univers libre de la capitale française.
Ross y peint un Paris rêvé, non pas touristique, mais intime et libérateur — un lieu refuge pour l’esprit créatif. L’arrangement est envoûtant, baigné de clarinettes et de saxophones, capturant parfaitement l’élégance et le mystère de la Ville Lumière. “I Don’t Want Money” se révèle aussi poignant que percutant. Cette chanson aborde sans détour les difficultés que rencontrent les artistes qui tentent de concilier passion et réalité économique. Avec une touche d’ironie douce-amère et une rythmique subtilement entraînante, Ross exprime ici le désespoir discret de nombreux créateurs qui aspirent simplement à vivre de leur art. “Voices Unheard” se distingue par sa conscience sociale et sa profondeur historique. Dans ce morceau empreint de gravité, Ross rend hommage à des figures oubliées comme Melba Liston et Ida B. Wells, transformant leur mémoire en une élégie jazz poignante. C’est un acte de mémoire autant qu’un appel à l’attention. Moment de pure célébration, “China Told Me: The Live Session” rend hommage à la puissante vocaliste et militante China Moses. Enregistré en une seule journée avec une équipe entièrement féminine, incluant Mary Sho et les jeunes musiciennes prodiges de J Steps, le morceau déborde d’énergie. Plus qu’un enregistrement, c’est une photo sonore de la joie collective et de la sororité musicale.
La qualité musicale de l’album est exceptionnelle. Chaque musicien — de la batterie percutante de Marley Drummond aux cuivres éclatants de Charlotte Keeffe et Dave Boa — ajoute une nuance unique sans jamais éclipser la vision de Ross. Les arrangements sont riches mais équilibrés, laissant respirer chaque chanson. L’album se clôt avec “100 Songs”, une ballade introspective et délicate où Ross s’interroge sur l’héritage qu’elle laisse et la fierté qu’auraient pu ressentir ses parents. Une conclusion douce-amère, qui plane dans l’air comme un soupir, clôturant parfaitement cette œuvre de souvenirs et de méditations. “Moments in My Notebook” n’est pas un album que l’on écoute à la légère. Il mérite qu’on s’y attarde, qu’on le savoure, qu’on y revienne. Chaque piste est un instant figé dans le temps, raconté en sons et en émotions. Fiona Ross démontre une fois de plus que le jazz, ce n’est pas seulement une question de technique – c’est l’art de raconter des histoires qui comptent. Ce disque ne célèbre pas seulement une 100e chanson. Il célèbre une artiste en constante évolution, qui continue de défier les normes, de poser les vraies questions, et d’écrire sa vérité — une page, une mélodie à la fois.
écrivain: Charles
Comments