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Critique de l’album : Gravity Sessions par Rosetta West


Rosetta West revient avec “Gravity Sessions”, une œuvre brute, poignante et réinventée de plusieurs de leurs titres les plus appréciés. Enregistré presque entièrement en live sur quelques jours intenses au célèbre studio Gravity à Chicago, cet album n’est pas une simple redite c’est une véritable renaissance. Dépouillées jusqu’à l’os, ces chansons capturent l’urgence, la sueur et l’âme d’un groupe en pleine maîtrise de son art. Pour les fans de longue date, c’est une nouvelle perspective passionnante ; pour les nouveaux venus, une introduction saisissante à ce groupe blues-rock farouchement indépendant. Fondé dans les années 1990, Rosetta West est un trio originaire de l’Illinois qui évolue en dehors des circuits traditionnels, s’étant forgé une base de fans dévoués grâce à un mélange unique de blues rock, de psychédélisme, de folk du monde et de mysticisme. “Gravity Sessions”condense tout cela et plus encore avec un groupe qui sonne plus concentré et intense que jamais. Joseph Demagore, fondateur et principal auteur-compositeur du groupe, livre une performance vocale viscérale, usée par le temps, pleine de grain et de profondeur.


Son jeu de guitare, expressif et souvent imprévisible, relève plus de l’invocation que de l’exécution technique. À la basse, Herf Guderian insuffle des lignes épaisses et groovy qui donnent aux morceaux un ancrage solide, tandis que le batteur de longue date Mike Weaver apporte le rythme instinctif, puissant et parfaitement dosé. Avec Doug McBride à la console, la production trouve l’équilibre parfait entre rugosité et clarté. Rien n’est trop lissé ou édulcoré. L’album sonne comme ce qu’il est : trois musiciens expérimentés jouant avec leurs tripes dans une pièce. Le premier single, “Dora Lee (Gravity)”, commence déjà à attirer l’attention avec ses mélodies envoûtantes et ses accents mystiques. C’est du Rosetta West pur jus des paroles énigmatiques, une émotion palpable et une musique hypnotique. Le clip, disponible sur YouTube, renforce cette ambiance étrange et onirique, ajoutant une dimension visuelle forte au morceau.




Mais c’est “Suzie”, le titre mis en avant, qui se démarque comme la véritable pépite de l’album. Contrairement à l’attraction presque surnaturelle de “Dora Lee”, “Suzie” est enraciné, rugueux et direct. Il avance avec une assurance blues-rock, chargé d’une tension émotionnelle brute. On a l’impression que le groupe a troqué l’encens pour un pied-de-biche toujours poétique, mais avec une volonté d’impact immédiat. L’album entier dégage une impression d’urgence non pas de panique, mais de nécessité. Ce ne sont pas de simples réinterprétations : ce sont des versions mûries, redéfinies par le temps, l’expérience et la complicité des musiciens. Ces morceaux, bien que familiers pour certains, trouvent ici une nouvelle vie, plus dépouillée, plus vivante, plus authentique.



Ce qui distingue “Gravity Sessions”, c’est son esprit. C’est le témoignage d’un groupe qui ne court pas après les modes et qui refuse les compromis commerciaux. Rosetta West fait de la musique comme on répond à un appel, pas pour cocher une case. Cet engagement les a maintenus en marge pendant des années et c’est précisément ce qui rend leur art si magnétique. Pour les fans de la première heure, cet album est un chapitre indispensable. Pour les curieux, c’est une invitation à plonger plus profondément pas seulement dans leur discographie, mais dans le courant étrange et spirituel qu’ils suivent depuis toujours. Retrouvez-les sur Bandcamp, YouTube, ou là où les épaves hantées diffusent encore de la musique. “Gravity Sessions” n’est pas juste un retour. C’est une révélation.




écrivain: Charles

 
 
 

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