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Critique de la chanson “Dora Lee (Gravity)” par Rosetta West


La dernière création visuelle et sonore de Rosetta West, “Dora Lee (Gravity)”, est une plongée saisissante dans le surréalisme et la rugosité. Ce nouveau morceau des légendes de l’underground de Chicago s’inscrit dans leur prochaine série Gravity Sessions, captée dans les conditions brutes et authentiques du légendaire studio Gravity. À rebours de l’esthétique léchée des clips actuels, “Dora Lee (Gravity)” revendique une approche crue, quasi onirique. Portée par une base de blues-rock féroce, la chanson tisse un récit nourri de mythes, où l’imagerie militaire croise des archétypes féminins mystiques. Ce n’est pas tant un clip qu’une vision hallucinée, presque chamanique. Au centre de cette œuvre : un commandant de char endurci, à la fois personnage concret et figure symbolique.


Il sombre peu à peu dans l’obsession après une brève rencontre avec une entité surnaturelle. Celle-ci prend successivement l’apparence de déesses mythologiques comme Ishtar, Hécate ou Kali, incarnant le pouvoir, le désir et la vengeance cosmique. L’opposition entre la mécanique de guerre et la féminité divine est dérangeante et magnétique, apportant une densité conceptuelle rare dans le blues-rock contemporain. Le spectateur reste en suspens : le commandant est-il une victime, un pécheur ou un chercheur de vérité ? “Dora Lee (Gravity)” ne relâche jamais la tension. On y retrouve la signature sonore de Rosetta West : un mélange rugueux de blues brut, de psychédélisme et de textures folkloriques venues d’ailleurs. La voix de Joseph Demagore hurle avec une clarté douloureuse, tandis que la basse de Herf Guderian et la batterie de Mike Weaver bâtissent une atmosphère rituelle, presque insurrectionnelle.



L’aspect “prise unique” des Gravity Sessions ajoute à l’intensité et à la charge émotionnelle du morceau — chaque note est une ecchymose, chaque parole une cicatrice. Rosetta West reste un modèle d’art sans compromis. Depuis les années 90, le groupe trace sa propre route, en dehors des attentes commerciales, en puisant dans les mythologies oubliées, les rythmes du monde et une musicalité brute pour raconter des histoires qui parlent aux âmes en quête. “Dora Lee (Gravity)” ne fait pas exception : c’est une œuvre exigeante, mais riche en sens. Dans un monde musical souvent satisfait de la surface, Rosetta West continue d’explorer les profondeurs de l’expérience humaine. Ne vous contentez pas d’écouter : soyez témoin.





écrivain: Charles

 
 
 

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