top of page

Critique d’album : "Vissa dagar" par Jens Gustavson

  • Photo du rédacteur: CHARLES
    CHARLES
  • il y a 2 jours
  • 2 min de lecture
ree

"Vissa dagar" de Jens Gustavson surgit comme la première bouffée d’air froid venu du Nord vive sur les bords mais porteuse d’une promesse tranquille. Ses huit morceaux semblent façonnés par le silence plutôt que par la précision du studio, guidés par une attention née de l’écoute du monde immédiat. Au lieu de rechercher l’ampleur ou l’éclat, Gustavson s’appuie sur la retenue, laissant les gestes infimes résonner avec une profondeur inattendue. Il en résulte un album artisanal, construit par le toucher et l’intuition plutôt que par la quête de perfection. « Humlor », la pièce d’ouverture, se déploie avec une allure tranquille, comme si la musique suivait les contours d’un long chemin de gravier à l’extrémité d’un village. Ses légères inflexions country tiennent davantage de l’atmosphère que de la référence des couleurs étalées doucement sur l’horizon. Il s’en dégage une forme d’ancrage, un bourdonnement terrestre suggérant un mouvement sans destination. Ce morceau prépare l’oreille non à la démonstration, mais à la présence.


La pièce-titre se tourne vers l’intérieur, tirant son énergie non d’un élan mais du poids de la réflexion. La voix de Gustavson s’installe dans le mix comme une confession intime révélée à contrecœur. Une mélancolie flotte sur les bords, mais la lucidité ne s’efface jamais ; c’est le son de quelqu’un observant sa propre immobilité et y découvrant une forme de sens. La production, dépouillée, met en lumière chaque vibration et chaque silence. Au cœur de l’album, des morceaux comme « Kommer hem » et « Huset » gravitent autour du thème du retour retour aux pièces familières, aux habitudes anciennes, aux petits rituels qui structurent l’existence. Leurs mélodies semblent patinées par l’usage, comme des objets si souvent manipulés que leur surface s’est adoucie. Gustavson ne romantise pas l’espace domestique ; il en fait une zone de petites remises en ordre, où mémoire et routine se confondent. Puis vient « Vals för utmattade », une parenthèse tremblante au sein du flot du disque.


Le morceau n’élève presque pas la voix, préférant flotter comme une pensée trop fragile pour être exprimée pleinement. Sa délicatesse désarme, créant une clairière passagère avant le titre final. Lorsque « Chant » entre en scène, c’est avec une immobilité presque cérémonielle, éclairant les dernières minutes d’une lueur discrète. On dirait une offrande silencieuse, un dernier souffle avant la fin. Ce qui soude "Vissa dagar", c’est l’unité émotionnelle qui ne se dément jamais. Chaque morceau fonctionne comme un instantané brut, spontané, marqué par le grain du réel. Gustavson revendique l’imperfection non comme un effet de style, mais comme une forme de sincérité. L’album se lit comme un journal griffonné dans les marges de jours ordinaires, rappelant que la vérité réside souvent dans les détails infimes : un accord qui s’attarde, un frémissement, un souffle relâché dans le froid.




écrivain: Charles

Commentaires


©2024  Mélodie Maven

bottom of page