Critique d’EP “5…4…3…2…1…” par Zachary Mason
- CHARLES

- 2 nov.
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L’EP “5…4…3…2…1…” de Zachary Mason ressemble moins à une simple sortie musicale qu’à une véritable expédition cosmique à travers les bizarreries de l’ambition humaine. Sorti le 3 octobre 2025, le nouveau projet de l’artiste britannique est une expérience audacieuse mêlant surréalisme psychédélique, textures rock alternatif et satire théâtrale. Connu pour plier les genres jusqu’à créer sa propre gravité sonore, Mason transforme l’immensité de l’espace en un miroir des angoisses terrestres. Avec la section rythmique magistrale de Nate Barnes (Rose Hill Drive) et John Thomasson (Little Big Town) qui ancre le son, l’EP trouve un équilibre spectaculaire entre structure et chaos. Le morceau-titre, “5…4…3…2…1…”, explose dans un déluge de distorsions croustillantes et de frappes percussives acérées, imitant le chaos d’un décollage tandis que la voix de Mason flotte, détachée, telle un astronaute solitaire. Ses paroles percent sous la légèreté apparente une critique de l’apocalypse que l’humanité s’est elle-même créée, enveloppée dans l’ironie et le groove.
Le mixage de Derrick Lin (Voyage In Solitude) accentue cette dualité : des murmures intimes enfouis dans une réverbération galactique, comme un cri étouffé depuis le bord de l’atmosphère. Mason ne se contente pas de lancer un compte à rebours ; il dissèque l’instant suspendu entre la destruction et la fuite. “The Funky Martians” atterrit comme un rêve délirant, à mi-chemin entre la satire de science-fiction et la révolution disco. Le rythme bondit avec une joie élastique, les cymbales scintillent comme des étoiles, et la guitare de Mason oscille entre folie et précision un chaos savamment orchestré. Ses paroles, qui racontent comment la musique met fin à la guerre sur Mars, sont à la fois comiques et mordantes, se moquant de la facilité avec laquelle les humains oublient la compassion jusqu’à la redécouvrir par hasard. Ce morceau invite autant à danser qu’à réfléchir, prouvant le don rare de Mason pour équilibrer humour et sincérité dans une même respiration. Quand “Earthsick” conclut l’ensemble, l’euphorie s’efface pour laisser place à une nostalgie poignante.
Les guitares bourdonnent comme des satellites mourants, la voix dérive en une douce plainte, et la basse pulse faiblement, semblable à un battement de cœur perdu en apesanteur. Ici, Mason abandonne l’ironie pour l’honnêteté, pleurant la Terre laissée derrière lui et le prix d’un progrès sans frein. C’est un rappel bouleversant que, même parmi les étoiles, nous restons des êtres de nostalgie, cherchant toujours la terre sous nos pieds. Dans son ensemble, “5…4…3…2…1…” est bien plus qu’une expérience sonore c’est une réflexion cinématique sur l’évasion, l’ironie et la perte. Mason invite l’auditeur à rire, groover et questionner l’absurdité de la vie moderne, le tout en quinze minutes d’énergie créative pure. C’est le genre d’EP qui exige de multiples écoutes, chaque passage dévoilant une nouvelle strate de sa construction ingénieuse. Dans sa fusion d’esprit et d’émerveillement, Mason a bâti une fusée qui ne fonctionne pas au carburant, mais à l’imagination.
écrivain: Charles










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