Critique d’EP “Angel Trio par Karen Salicath Jamal

Le nouvel EP de Karen Salicath Jamali, “Angel Trio”, arrive comme une révélation murmurée une rencontre entre le souffle humain et l’élan céleste. Sorti le 21 octobre 2025, ce projet prolonge la démarche visionnaire de l’artiste dano-américaine, qui compose à partir de ses rêves, un don apparu après son expérience de mort imminente en 2012. Ici, elle transforme cette frontière entre les mondes en trois compositions d’une délicatesse rare, invitant l’auditeur à faire une pause, à respirer, et à écouter avec l’âme plutôt qu’avec l’esprit. Le résultat n’est pas seulement un EP c’est une séance sonore, un moment où le voile entre l’humain et le divin devient presque imperceptible. La première pièce, “Angel Trio 1”, s’élève comme le premier éclat du soleil sur une eau immobile. Ses registres cristallins flottent tels un souffle sur du verre, chaque note portant la douceur d’un souvenir plutôt que celle d’une naissance. Sous cette lumière, des tonalités plus chaudes et feutrées offrent une base rassurante, ancrant l’atmosphère éthérée dans la chaleur et la sérénité. Il y règne une grâce en mouvement, comme si une main invisible traçait des sillons de lumière dans l’air, rappelant que la paix peut être à la fois fragile et infinie.

“Angel Trio 2” approfondit la résonance en descendant vers un terrain plus riche et plus ample. La composition évoque l’élargissement lent d’un cœur des accords luxuriants s’épanouissent, tandis que de délicates volutes de notes aiguës montent vers le ciel, semblables à la lumière traversant les vitraux d’une cathédrale. Le phrasé de Jamali est à la fois précis et spontané, laissant l’émotion couler naturellement d’un instant à l’autre. Ce mouvement incarne l’expansion spirituelle : l’auditeur est attiré vers l’intérieur, mais la musique continue de s’étendre vers l’infini, embrassant quelque chose d’indicible. Dans “Angel Trio 3”, le tempo ralentit et l’air se charge de révérence. Cet ultime volet est contemplatif, presque une prière, capturant la sensation d’être seul dans un sanctuaire après le départ de la foule. Les ondulations mélodiques se déplacent avec la patience du souffle, comme des vagues glissant sur une eau calme. On y perçoit une mélancolie, mais aussi une rédemption une compréhension silencieuse que toute fin est simplement un nouveau commencement réorganisé dans le temps. À la dernière note, le silence devient sacré, comme si l’auditeur avait été doucement ramené à lui-même.

Le raffinement sonore de “Angel Trio” doit beaucoup à l’ingénieure du son Maria Triana, dont la touche a sublimé les enregistrements de légendes comme Aretha Franklin et Britney Spears. Son travail confère au piano de Jamali une chaleur organique et une profondeur lumineuse qui s’étendent au-delà des haut-parleurs, laissant chaque résonance vivre et respirer. Ensemble, l’artiste et l’ingénieure créent un espace à la fois tangible et transcendant un lieu de rencontre entre vibration, intention et grâce. Pour compléter cette expérience, la pochette de l’EP présente une sculpture de Jamali elle-même une preuve de l’harmonie entre ses univers visuel et musical. “Angel Trio” n’est pas seulement une œuvre auditive, mais une création totale, un témoignage vivant de la créativité comme communion. Il confirme la capacité unique de Jamali à traduire le langage des rêves en mélodie, offrant un cadeau lumineux et silencieux à ceux qui acceptent d’écouter au-delà du son jusqu’au bourdonnement divin au cœur de l’être.

écrivain: Charles